Ce cycle des origines s'ouvre sur ce dont personne n'a été le témoin: l'acte divin de la création du monde. Dieu est créateur du Ciel et de la Terre (Gn 1-2), cadre de l'humanité, il est aussi créateur du couple humain (Gn 2-3). Les origines du monde, telles que présentées dans les premiers chapitres de la Bible, qui constituent ce que les savants nomment une "cosmogonie", ne sont pas de l'histoire comme nous l'entendons aujourd'hui, mais plutôt de la théologie exprimée en images. Les chapitres relatant les origines de l'humanité relèvent davantage de "l'anthropogonie".
Nous pouvons aussi affirmer que ce premier récit de la Bible commence dans l'optimisme. On dénombre non moins de six fois l'expression "Dieu vit que cela était bon" pour appuyer la qualité de la création. Il importe de retenir que Dieu opère dans la lumière et par la parole, selon un plan réfléchi. Il se présente comme antérieur à la création et met en place, en s'appuyant sur le modèle des jours de la semaine, huit oeuvres réparties de manière symétrique (le troisième et le sixième jour en comptent deux). L'homme et la femme se trouvent au sommet des oeuvres créées; ils ont reçu, par la volonté de Dieu, le pouvoir de domination sur les autres vivants. Ce premier enseignement théologique (Dieu est l'origine de toute chose) est immédiatement suivi d'un second enseignement: le repos du septième jour. Ce repos de Dieu devient le repos que l'homme devra imiter. Ce septième jour, le Sabbat, est au coeur de la loi d'Israël. Dans la perspective chrétienne, un huitième jour s'y ajoute: celui de la Résurrection du Christ. Le septième jour met fin à la première création, le huitième jour commence la nouvelle création.
Revenons sur le premier enseignement théologique: la suite des six jours de travail. Elle atteste qu'il n'existe rien qui ne doive son existence à Dieu créateur. En utilisant l'expression "Dieu vit que cela était bon", nous pouvons comprendre que chaque créature possède sa bonté et sa perfection propre. La création a été conçue selon un ordre déterminé et suivant une hiérarchie spécifique. L'Homme est placé au sommet de la création de Dieu. Le texte prend soin de mettre en place, suivant l'ordre des jours de la semaine, ce qui est le moins parfait pour terminer avec ce qui est le plus parfait. Il n'en existe pas moins une solidarité entre toutes les créatures puisqu'elles ont toutes le même Créateur, et que toutes sont ordonnées à sa gloire. Cette interdépendance entre les créatures est voulue par Dieu. Elles sont toutes unies les unes aux autres et se complètent. C'est pour cette raison que l'homme se doit de respecter toute créature et son environnement.
Il faut également souligner la beauté attribuée à l'univers créé. Hugues de Saint-Victor, auteur médiéval, affirmera candidement: "Dieu n'a pas voulu seulement que le monde soit, mais qu'il soit beau et magnifique". Les lois de la nature (ce qui fait l'objet du travail des scientifiques) nous permettent déjà d'appréhender l'ordre et l'harmonie du monde qui résultent de la diversité des êtres et de leurs relations. Parallèlement, la beauté de la création reflète la beauté infinie du Créateur, elle souligne l'alliance que Dieu fait avec l'humanité, elle révèle Son Amour infini pour l'Homme.
Repères historiques:
- Les "luminaires" dans le récit de la création correspondent à l'ensemble des planètes, comètes ou autres étoiles. A l'époque biblique, plusieurs peuples rendent un culte au Soleil ou à la Lune. Pour les auteurs de la Bible, les luminaires ne sont pas des divinités, mais de simples astres qui figurent au nombre des éléments de la création, au même titre que le ciel et la terre.
- La notion de "firmament" doit-être comprise selon la conception de la Terre au temps des anciens Hébreux. La Terre était alors représentée comme un disque plat, surmonté et protégé d'une demi-sphère. Cette "coque", parsemée de trous, laissait passer la pluie, la grêle et la neige.
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