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lundi 30 avril 2012

Le récit du paradis (Genèse 3,1-24)

Le récit du paradis et de la désobéissance de la femme et de l'homme en est un particulièrement populaire dans la culture occidentale. Les versets commencent avec la présence du serpent dans le jardin qui s'apparente à un être hostile à Dieu et à  l'homme. La tradition sapientielle et la tradition chrétienne ont toujours interprété cette figure comme celle de l'Adversaire (le Tentateur), la figure du diable. Le texte démontre d'emblée, avec la figure du serpent, que le péché ne vient pas de l'intérieur de l'homme. Il ne fait pas partie de sa nature. Et parce que  le péché est extérieur à l'homme, l'homme est responsable de ses actes.

 Le serpent s'avère être le plus rusé des animaux. Il utilise cette ruse en développant un dialogue avec la femme dans lequel il veut  s'opposer à l'interdit de manger du fruit de l'arbre qui se trouve au milieu du jardin (aucune mention d'un pommier dans le texte, contrairement à la tradition populaire!). Il  recourt à une rhétorique fort simple, mais très efficace, qui consiste à poser une question: "Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?(verset 1)". L'information contenue dans la question est biaisée et oblige la femme à donner une précision: "Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort" (verset 2). Le serpent  conduit ainsi la femme sur le point désiré de sa ruse. Il poursuit son jeu perfide en affirmant dans le verset 4: "pas du tout, vous ne mourrez pas! Mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront et vous serez comme des Dieux, qui connaissent le bien et le mal." La femme est séduite par cette pensée et décide de manger le fruit défendu. Elle le partage avec l'homme qui ne s'y oppose pas.

Mais que signifie cet interdit de Dieu? Il refuse principalement à l'homme de vouloir se faire Dieu et, par conséquent, de renoncer en pleine conscience à sa condition d'homme. Seul Dieu est Sage, seul Lui connaît la racine du Bien et du Mal. Dieu consent à donner cette Sagesse à tout homme qui l'aime avec respect et qui le "craint". La femme et l'homme en ont décidé autrement.

Une fois le fruit mangé, les yeux de l'homme et de la femme "s'ouvrent". Ils prennent conscience de leur nudité et se font des pagnes avec des feuilles de figuier. Le premier péché - c'est-à-dire la première désobéissance à l'ordre de Dieu - est immédiatement suivi du désir. C'est le premier signe du profond désordre introduit dans la création de Dieu. Le "péché", dans la tradition chrétienne, est toujours entendu comme une perturbation du rapport de l'homme avec Dieu. L'histoire de l'humanité apparaît ici comme celle de l'infidèlité à Dieu et la multiplication du mal.


Adam et Ève redoutent de se retrouver en présence de Dieu qui se déplace dans le jardin. Ils ont honte et cherchent à se cacher. Dieu, qui constate leur changement , procède à son tour à un interrogatoire. Il s'ensuit l'aveu du péché dont la responsabilité passe de l'homme à la femme, et de la femme au serpent. Les versets 3,14-18 contiennent la première malédiction de Dieu qui tombe sur le serpent et l'humanité. Les principaux éléments qui résultent de cette colère divine sont : la douleur de la grossesse infligée à la femme, la domination de l'homme sur la femme, les peines du travail associées à la subsistance de l'homme, le sort de l'homme qui retournera à la poussière.

C'est dans ce contexte que l'homme nomme la femme "Ève" "parce qu'elle fut la mère de tous les vivants" (verset 3,20). Dieu leur donne et les revêt de tuniques de peau et déclare solennellement: "Voilà que l'homme est devenu comme l'un de nous, pour connaître le bien et le mal (ce qui est le privilège de Dieu)! Qu'il n'étende pas maintenant la main, ne cueille aussi de l'arbre de vie, n'en mange et ne vive pour toujours!" (verset 3,22). L'arbre de vie nommé ici n'est pas sans rappeler le désir d'immortalité de l'homme. Dieu chasse ensuite l'homme et la femme du jardin et place devant l'arbre de vie des chérubins et la flamme d'un glaive fulgurant afin de leur en interdire l'accès. L'éloignement du Paradis traduit l'éloignement du premier couple envers Dieu.


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Les chérubins sont des êtres mythologiques, constitués d'un corps d'animal et d'une tête humaine. Ils sont empruntés à la mythologie assyro-babylonienne.


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