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mardi 1 mai 2012

La notion de péché originel



La question du péché des origines en est une pour le moins complexe qui a suscité un nombre important de commentaires. Nous nous appuierons ici sur le discours officiel de l'Église catholique pour tenter de la définir.

Nous venons de voir que le péché est présent dans l'histoire de l'homme. Il serait vain de vouloir le nier ou de lui attribuer tout autre nom. La notion de péché originel doit-être comprise à la lumière de la relation qui unit Dieu à l'homme. Même davantage, nous pouvons dire à la lumière de la Révélation divine. Si nous ne connaissions pas Dieu, nous ne pourrions pas discourir sur la notion de péché.

Nous avons tendance à percevoir ou à nous figurer le péché comme une erreur grave, une "faiblesse psychologique", ou encore un "défaut de croissance". C'est méconnaître la volonté de Dieu pour sa créature. Dans le dessein de Dieu pour l'homme, le péché consiste plutôt en "un abus de la liberté" que Dieu donne aux êtres pour qu'ils puissent "L'aimer et s'aimer mutuellement" (Catéchisme de l'Église catholique, article 387).

La notion de péché originel ne peut-être comprise sans évoquer la Mort et la Résurrection de Jésus-Christ. En effet, Jésus, le Sauveur de tous les hommes, Celui qui apporte le salut, est la contrepartie du péché originel. Le langage imagé du chapitre 3 de la Genèse nous révèle un fait très important: il y a eu, au commencement de l'humanité, une faute originelle librement commise par Adam et Ève. À leur exemple, tout péché sera par la suite compris comme une désobéissance à Dieu. L'homme et la femme ont été conçus dans un état de sainteté. Ils étaient tous deux destinés à être "divinisés" par Dieu. Seulement, en raison de la ruse du diable, l'homme et la femme ont voulu, reprenant ici les mots de saint Maxime le Confesseur, "être comme Dieu", mais "sans Dieu", et "avant Dieu", et "non pas selon Dieu".

Les conséquences du péché originel sont contenues, nous l'avons vu brièvement, dans la malédiction énoncée par Dieu (Gn 3,14-18). L'harmonie qui régnait dans le jardin entre l'homme et la femme et son milieu a laissé place à des tensions redoutables. La conséquence la plus importante de la désobéissance est sans nul doute le fait que l'homme soit condamné à "retourner à la poussière".  La mort fait son entrée dans l'histoire de l'humanité.

Chose plus  terrible, s'il en est, le péché originel va engendrer une véritable invasion du péché dans le monde. Les prochains textes de la Genèse nous le démontreront clairement. La constitution pastorale Gaudium et Spes sur l'Église dans le monde de ce temps résume l'état du péché dans l'histoire de l'humanité en ces termes: "Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme. Car l'homme, s'il regarde au-dedans de son coeur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son principe, l'homme a, par le fait même, brisé l'ordre qui l'orientait à sa fin dernière, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres hommes et à toute la création." (GS13-1).


Conséquences du péché originel

Saint Paul affirme dans l'épître aux Romains (5,19): "Par la désobéissance d'un seul homme, la multitude (c'est-à-dire tous les hommes) a été constituée pécheresse". L'universalité du salut est cependant formulée dans le verset précédent: "Comme la faute d'un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même l'oeuvre de justice d'un seul (le Christ) procure à tous une justification qui donne la vie" (Rm 5,18).

Les malheurs de l'existence humaine, la souffrance, le mal que nous subissons et le mal auquel nous consentons trouvent leur origine dans le péché originel. Pour l'Église, le fait que chacun d'entre nous naît avec cette affectation est une vérité de foi. Le péché originel a été transmis à tout le genre humain. Comment s'est opérée cette transmission? Nous l'ignorons. Il s'agit d'un mystère que nous ne pouvons comprendre dans sa totalité.  En contrepartie, nous savons que si l'unité du genre humain est impliquée dans le péché d'Adam, cette même unité du genre humain est impliquée dans la justice de Dieu.

Autre précision: dans le jardin, lorsque Adam et Ève cèdent à la tentation du serpent, tous deux se trouvent à commettre un péché personnel. Mais ce péché personnel affecte par propagation tout le genre humain. Cela signifie que tous les hommes seront dépourvus dorénavant de la sainteté et de la justice originelles. Pour nous, le péché originel est un péché "contracté"  (un état) et non "commis" (un acte). Ce disant, la nature de l'homme n'est pas pour autant entièrement corrompue. Le sacrement du baptême, par exemple, efface  le péché originel en accordant à l'homme la vie de la grâce divine. Il lui permet de s'orienter de nouveau vers Dieu, et, malgré une nature toujours affaiblie et sujette au mal, cette grâce divine lui permet de mieux s'engager dans le combat spirituel de la vie.

Le récit du péché originel, qui regroupe plusieurs éléments issus des mythes du Proche-Orient, eut une influence déterminante sur l'apôtre Paul qui en prêcha la doctrine dès le 1er siècle de notre ère.

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