Il s'agit du dernier texte sur Abraham. Il appartient à la tradition Yahviste, bien que fort retravaillé.
Alors qu'Abraham atteint un âge fort avancé, et sachant que sa mort est toute proche, la question de la descendance le tracasse. Il devient urgent de trouver une femme pour son fils Isaac. Celui-ci est alors âgé d'une quarantaine d'années et n'a pas connu d'autre état que le célibat. Abraham a son idée bien précise sur la future épouse : il ne veut pas d'une Cananéenne (peuple de lignée impure) mais plutôt une femme issue de son ancienne patrie mésopotamienne.
Pour ce faire, Abraham appelle l'un de ses serviteurs (ce serviteur anonyme est associé par la tradition avec Éliézér) pour lui confier la tâche de trouver une femme pour son fils. Il exige du serviteur un serment solennel : "Mets ta main sous ma cuisse, pour que je te fasse jurer par Yahvé (...)" (verset 2). L'expression désigne bien les organes génitaux, et faisant de la sorte, le serment prend à témoin les sources mêmes de la vie. Le serviteur consent à jurer.
Le serviteur veut mener à bien la mission mais il s'inquiète de la possibilité que la femme ne veuille pas quitter son pays. Il pense qu'il serait plus utile d'amener Isaac avec lui. Abraham rejette la proposition et explique qu'un Ange l'accompagnera jusqu'au pays où se trouvera la future femme.
Le serviteur se met en route avec dix chameaux et de riches présents. Une fois arrivé à Harran, il installe son campement près des portes de la ville, près d'un point d'eau. Au moment où le soir tombe, et sachant selon l'usage que les femmes viennent chercher de l'eau du puits, Éliézér demande à Yahvé un indice pour identifier la femme qui pourrait convenir à Isaac. L'indice consiste à repérer la femme qui consentira à lui donner un peu d'eau, mais qui aura aussi la courtoisie d'abreuver ses chameaux.
Cette prière terminée, une femme se présente avec une cruche à l'épaule. Il s'agit de Rébecca, fille de Bétuel, fils de Milka, la femme de Nahor qui est le frère d'Abraham. Cette fille est très belle, et malgré sa grande beauté, elle est toujours vierge. Elle s'approche du puits et remplit sa cruche. Au moment de remonter à la ville, Éliézér s'empresse d'aller à sa rencontre pour lui demander de l'eau. Elle lui en offre aussîtôt et prend l'initiative de retourner au puits pour puiser de l'eau pour les chameaux. Le serviteur se demande s'il est bien en présence de cette femme promise à Isaac.
Le texte illustre ici le retour à la source, plus précisément le retour à la femme, qui, dans la patrie d'origine, se trouve proche du puits. Celle qui accueille, donne l'eau, et redonne vie à l'errant.
Une fois que les chameaux sont abreuvés, Éliézér prend un anneau et deux lourds bracelets en or pour les lui offrir. Il lui demande : "De qui es-tu la fille?", et réclame une place chez son père pour passer la nuit. Après avoir décliné son identité, elle répond qu'il y a chez son père tout le nécessaire pour l'accueillir à son aise. Alors le serviteur se prosterne et rend grâce à Yahvé. Il le remercie de l'avoir guidé jusque chez le frère de son maître.
La jeune femme court chez sa mère pour annoncer cette rencontre. Le frère de Rébecca, Laban, qui voit les bijoux en or, s'empresse de sortir pour aller à la rencontre du serviteur. Il lui demande de bien vouloir le suivre, car sa maison lui est ouverte.
Le repas est prêt et le serviteur demande à parler avant de manger. Laban l'y invite. Éliézér est impatient de s'acquitter de sa mission. Il annonce qu'il est le serviteur et l'envoyé d'Abraham. Il souligne que son maître est fort riche et avancé en âge. Abraham lui a demandé de trouver une femme pour son fils Isaac dans le pays où il est parti. Éliézér raconte ensuite l'indice demandé à Yahvé pour reconnaître la femme promise. Il demande finalement s'il peut emmener Rébecca comme fiancée à Isaac.
Béthuël et Lathan, fort impressionnés par le récit d'Éliézér, agréent à la demande parce qu'ils y voient la volonté de Yahvé. Le serviteur se prosterne de nouveau et rend grâce à Yahvé. Il offre d'autres bijoux et de somptueux vêtements à Rébecca, et de riches cadeaux à ses parents. La fête commence.
Éliézér désire partir dès le lendemain pour rentrer auprès de son maître. Il en avise la famille qui, moins pressée que le serviteur, exige un délai de dix jours avant de se séparer de Rébecca. Comme Éliézér se fait toujours pressant, la famille finit par demander à Rébecca son opinion. Sa réponse est sans hésitation : elle veut partir sur-le-champ.
Rébecca est la femme qui sait accueillir, c'est également celle qui consent à partir. Elle accepte elle-même de se rendre, dans la confiance, vers son futur époux.
Ainsi, le lendemain, la caravane quitte Harran et prend le chemin du pays de Canaan, avec Éliézér à la tête, suivie de Rébecca et de ses servantes.
Au moment d'arriver chez Abraham, Isaac aperçoit au loin les premiers chameaux de la caravane. Il se rend à la rencontre des premiers arrivants. Au même instant, Rébecca, qui descend de sa monture, demande auprès d'Éliézér à connaître l'identité de ce jeune homme. Il lui annonce que c'est son futur mari. Elle prend soin aussitôt de se couvrir du voile propre au statut de promise.
La joie est grande chez Abraham qui décide de hâter les préparatifs du mariage. Une fois marié, Isaac se dit heureux et consolé, par la même occasion, de la perte de sa mère.