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lundi 7 mai 2012

La tour de Babel (Gn 11, 1-9)


Il s'agit d'un récit de tradition Yahviste entremêlé de plusieurs autres traditions. Il est destiné, non pas sans ironie, à expliquer l'origine de la multiplicité des langues humaines et des désaccords qui en résultent. Il illustre, sur le plan théologique, la présomption de l'homme qui s'incline devant la puissance absolue de Yahvé.

Il est mentionné dans ce texte que tous les peuples parlent une même langue, tout en utilisant les mêmes mots. Les hommes, qui étaient partis de l'Orient après le déluge, trouvent une place au pays de Shinéar (la Babylonie, soit au coeur de l'Irak actuel) pour s'établir. Tout semble donner l'impression que nous avons affaire à un nouveau "commencement".  Les hommes projettent de faire des briques et de construire avec celles-ci, et l'ajout de bitume comme mortier, une ville et une tour. Leurs intentions sont claires :

"Allons! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet pénètre les cieux!
Faisons-nous un nom et ne soyons pas dispersés sur toute la terre!" (verset4).




Ces hommes veulent accomplir par eux-mêmes et pour eux-mêmes une construction qui n'aura plus de limites.  L'audace les conduit à vouloir s'élever jusque dans les cieux ! Ils pourront ainsi tout contrôler dans cette plaine fertile, tant les pays voisins que les populations.  En utilisant  "Faisons-nous" dans la phrase, on retrouve le même verbe que celui qui est attribué à Dieu dans le récit de la création: "Faisons l'homme à notre image" !

La réaction de Yahvé ne se fait pas attendre (dès le verset 5). Devant la mise en oeuvre de ce chantier démesuré, Yahvé déclare: "Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux . Allons! Descendons! Et là, confondons leur langage pour qu'ils ne s'entendent plus les uns les autres."

Dieu ne veut pas que les hommes créent des villes, car il est le Dieu d'un peuple de nomades. Il ne veut pas non plus que les futures divinités de ces grandes villes acquièrent un nom plus grand que le sien. Il n'a aucun autre choix que de mettre un terme à ce projet ambitieux. Son intervention  condamne  l'insolence des hommes et leur prétention à vouloir créer une civilisation urbaine sans en référer au Créateur.  Ce châtiment est déterminé par la faute collective des hommess.



Yahvé prend soin de confondre le langage des hommes afin de s'assurer de leur dispersion sur toute la surface de la Terre. Il faudra attendre la figure d'Abraham pour que l'unité et la compréhension entre tous les hommes redeviennent possibles.

Une fois la dispersion des hommes complétée, le chantier de la tour est abandonné. On lui attribue dès lors le nom de "Babel". Si l'on joue sur le sens du mot "Babel" en hébreu, on obtient: "embrouiller".

 L'alliance de Dieu avec Noé en est une qui exprime "le principe de l'Économie divine envers les nations". Le récit de la tour de Babel vient de nouveau confirmer cette vérité de foi. Le salut de l'humanité se fera en passant par chacune de ses parties. Les hommes devront être regroupés "d'après leurs pays, chacun selon sa langue, et selon leurs clans" (Gn 10,5).



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