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vendredi 18 mai 2012

L'apparition de Mambré (Gn 18, 1-16)



Ce chapitre présente un récit de tradition yahviste dans sa forme finale. Il présente l'appartition de Yahvé à Abraham accompagné de deux hommes qui, selon Gn 19,1, sont deux anges. La forme primitive du texte semble avoir privilégié la présence de trois hommes ou de trois anges représentant Dieu. Au sujet de ces trois hommes auxquels Abraham s'adresse au singulier, nombreux Pères de l'Église y ont vu l'annonce du mystère de la Trinitié (ce qui sera révélé dans le Nouveau Testament). Le présent chapitre est intimement lié au suivant (chapitre 19, récit sur la ville de Sodome). La tradition Yahviste regroupe ici les éléments d'une vieille légende relative à la desctruction de Sodome qui intégrait trois personnages divins. Cette histoire appartient au noyau d'un cycle de  Lot et a été rattaché au cycle d'Abraham.


Yahvé apparaît à Abraham qui se trouve aux Chênes de Mambré, à l'entrée de la tente, alors que la chaleur du jour est à son zénith. Abraham aperçoit trois hommes qui se tiennent debout près de lui. Il se précipite pour se prosterner devant eux. Il les invite à rester auprès de lui, ordonne qu'on leur apporte de l'eau afin qu'ils puissent se laver les pieds, et leur suggère de s'étendre  sous l'arbre. Abraham propose d'aller chercher un morceau de pain afin de leur "réconforter le coeur" avant qu'ils reprennent leur chemin. Certains théologiens interprètent ce repas comme l'image de l'eucharistie future. Les trois personnes répondent favorablement à l'hospitalité d'Abraham.

Abraham donne les instructions à Sara pour qu'elle prépare les galettes de pain. Il s'empresse de choisir un veau tendre et prendre du lait. Situées sous l'arbre, les trois personnes mangent en présence d'Abraham.

Ils lui demandent ensuite où se trouve Sara. Abraham répond qu'elle est dans la tente. Les trois hommes affirment (ils parlent d'une seule voix) qu'à leur retour, dans un an, Sara aura un enfant. Celle-ci prend connaissance de cette révélation et ne peut s'empêcher, intérieurement, d'en mesurer toute l'incongruité. Le doute qui l'habite se traduit par un rire (qui n'est pas sans rappeler le rire d'Abraham au chapitre précédent). Les trois personnes demandent : "Pourquoi Sara a-t-elle ri, se disant: Vraiment, vais-je enfanter, alors que je suis devenue vieille? Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Yahvé?" (versets 14-15). Sur ces paroles, Sara se dément, car ces trois personnes lui font peur (Sara ne rit pas par manque de foi, mais par crainte de ces étrangers). Mais ceux-ci répliquent: "Si, tu as ri" (verset 15). Après cela, les personnes se lèvent afin de se diriger vers Sodome. Abraham marche avec eux pour les reconduire.

Ce récit de théophanie (qui relate l'apparition de Dieu) cherche à intégrer dans l'histoire d'Israël une légende païenne liée au sanctuaire situé sous un arbre. Cet arbre est d'ailleurs le symbole du lien entre la terre et le ciel. Il formule d'une manière nouvelle la promesse de Dieu à Abraham et souligne les qualités d'accueil de ce dernier. Réalité d'autant plus importante que cet accueil se manifeste alors qu'Abraham se prosterne devant Yahvé et que celui-ci prend la forme de trois étrangers. Le texte prend soin de relever le rire sceptique de Sara qui reçoit, à son tour, l'appel de Dieu. Ce rire se transforme en rire de joie puisque "Isaac" signifie "que Dieu rie". Dans ce contexte, on peut affirmer qu'Isaac est le fruit de l'humour de Dieu.

L'hospitalité
Dans l'Antiquité, l'hospitalité est une tradition composée de nombreux rites. Elle consiste principalement à saluer l'hôte, à lui offrir de l'eau pour laver ses pieds poussiéreux, à l'installer confortablement pour lui offrir à manger et à boire, pour, finalement,  le questionner sur le motif de sa visite.


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