Le déluge (Gn 6,1- 9,29)

Après avoir traité du récit de la création du monde et de l'humanité, la seconde partie de la Genèse présente le déluge. Le texte cumule de telles répétitions que les exégètes en sont arrivés à la conclusion qu'il est constitué de deux textes complets, l'un appartenant à la source "Yahviste" et l'autre à la tradition sacerdotale.

Sachons que le déluge est un thème que l'on retrouve dans toutes les cultures anciennes. Les récits provenant de la Mésopotamie présentent de fortes ressemblances avec celui de la Bible. Sans affirmer que l'un est la copie de l'autre, nous pouvons penser que des influences ont nourri le texte biblique. Chose certaine, tous ces textes partagent une même idée: l'humanité nécessite une "amélioration".

La corruption de l'humanité (Gn 6, 5-12)

Ce texte est particulièrement sombre tant est-il que l'humanité y est décrite dans sa méchanceté et sa perversité. Yahvé s'en désole et se repent d'avoir créé l'homme sur la terre. Son repentir, dont le caractère est familièrement humain, traduit son incapacité à supporter le péché. Il projette donc d'effacer l'homme, les animaux, les oiseaux, de la surface du sol. Il y a cependant un seul homme qui trouve grâce à ses yeux: Noé. Les versets 9-12 racontent brièvement son histoire. Il s'agit d'un homme juste et toujours soucieux de sa conduite sous le regard de Dieu. Noé a trois fils: Sem, Cham et Japhet.

Préparatifs du Déluge (Gn6,13- 7,16)

Dieu prévient Noé que le temps est arrivé  de mettre fin à l'existence de tout homme sur la terre pour les motifs nommés ci-dessus. Dieu lui donne les consignes suivantes: "Fais-toi une arche" (verset 14). La traduction latine du mot est "arca" (coffre), d'où le mot "arche" en français. Cette arche, symbole de la protection divine, sera construite à partir de bois résineux, en roseaux, et enduite de bitume, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Les dimensions seront de trois cents coudées pour la longueur (une coudée représente 45 cm environ), cinquante pour la largeur, trente coudées pour sa hauteur. Une dernière précision laisse croire que la toiture de l'arche devra avoir une pente d'une coudée afin de permettre l'évacuation des eaux de pluie. L'entrée de l'arche se trouvera sur le côté et trois niveaux (étages) formeront l'ensemble.

Quant à Dieu, il annonce à Noé qu'Il "va amener le déluge, les eaux, sur la terre, pour exterminer de dessous le ciel toute chair ayant souffle de vie : tout ce qui est sur la terre doit périr" (verset 17). Dieu ajoute qu'il consent à établir une alliance avec Noé (c'est le choix gracieux de Dieu), que ce dernier pourra monter dans l'arche avec ses fils, sa femme, et les femmes de ses fils. Il devra inclure dans l'arche un mâle et une femelle de toutes les espèces animales, des provisions pour se nourrir. Noé accomplit tout ce que Dieu lui demande. Dieu, Lui-même, prend soin de fermer la porte de l'arche.

À partir du chapitre 7, le récit se répète avec de légères modifications. Noé doit introduire dans l'arche sept paires de tous les animaux purs (dont un mâle et une femelle), un couple seulement pour les animaux impurs, dans le but de perpétuer la race.  À la fin du septième jour, les eaux du déluge envahissent la terre. À ce moment, Noé est âgé de six cents ans.

Lorsque Noé atteint six cents ans, deux mois, et dix-sept jours, l'eau jaillit de toute part, la pluie tombe durant quarante jours et quarante nuits. Le récit Yahviste associe le déluge à la pluie torrentielle. Le monde retourne à l'état de chaos primitif. Cette crue des eaux dure cent cinquante jours (verset 17).

La décrue (Gn 8, 1-14)

Dieu fait passer un vent afin de réduire les eaux et fait cesser la pluie. Les eaux baissent au bout de cent cinquante jours. Sept mois et dix-sept jours plus tard, l'arche se pose sur les monts d'Ararat. Les eaux continuent à baisser pour finalement laisser place à tous les sommets des montagnes.

Noé ouvre la fenêtre de l'arche et lâche un "corbeau" (verset 7). Cet oiseau va et vient en attendant que le sol soit asséché. Noé lâche ensuite une colombe (verset 9) afin de vérifier si elle peut se poser sur le sol. Elle revient à l'arche à défaut de pouvoir le faire. Sept jours plus tard, il lâche de nouveau la colombe. Celle-ci revient le soir avec une brindille de rameau d'olivier dans le bec (la colombe qui deviendra un signe de paix, de l'ordre rétabli). Noé comprend que l'eau a de beaucoup diminué. Sept jours plus tard, il lâche la colombe, mais cette fois-ci, elle ne revient pas à l'arche.

La terre est asséchée complètement des eaux du déluge en l'an six cent un, le premier mois, et le premier du mois (âge correspondant à celui de Noé.) Noé retire alors la couverture de l'arche.

La sortie de l'arche (Gn 8, 15-22)

Dieu donne les instructions à Noé pour sortir de l'arche avec tous les êtres vivants. Au verset 20, il est mentionné que Noé construit un autel à Yahvé, il prend de tous les animaux purs (incluant les oiseaux) et les offres en holocauste sur l'autel. Yahvé respire "l'agréable odeur" (verset 21) qui se dégage de cette offrande et prononçe ces paroles: "Je ne maudirai plus jamais la terre à cause de l'homme, parce que les desseins du coeur de l'homme sont mauvais dès son enfance." (verset 22). Malgré le fait que le coeur de l'homme est mauvais, Dieu préfère sauver la création. Cette eau s'avère à la fois destructrice et purificatrice. Les lois du monde sont  de nouveau rétablies.


Du nombre QUARANTE:
Le nombre quarante revient souvent dans la Bible. Le déluge dure quarante jours,  tout comme l'attente de Moïse sur le mont Sinaï ou le jeûne de Jésus au désert. Le peuple d'Israël séjourne durant quarante ans dans le désert. Certains spécialistes voient dans ce nombre la représentation du temps de l'épreuve. Ce temps se "solde" toujours par une rencontre nouvelle avec Dieu.

De l'HOLOCAUSTE:

Le mot holocauste, en hébreu, signifie "s'élever". L'holocauste est un sacrifice dans lequel un animal  est entièrement brûlé et dont la fumée s'élève vers les cieux où habite la divinité. La pratique veut que l'on ne garde rien pour soi de l'animal. Tout est offert à Dieu en signe de reconnaissance et de louange.